Derrière le titre un peu provocant de l’ouvrage Vos parents ne sont plus vos parents, se cache une vérité : celle de la nécessaire évolution de la relation que nous entretenons avec nos parents à l’âge adulte.
J’avais perçu cette vérité lors d’échanges avec ma mère lors desquels elle m’assénait un « Mais je suis ta mère » qui me laissait perplexe car je me sentais résolument être une adulte en face d’une autre adulte. Inconsciemment, je n’aimais pas cette infantilisation et ce ton qui sous-entendait que je n’étais pas encore assez grande pour dire, faire, savoir….
Quel soulagement dans le livre de tomber nez à nez avec l’idée qu’être « parent » est une fonction parentale qui évolue dans le temps. Ce n’était donc pas qu’une pure vision de mon esprit.
Je compris également que ce n’était pas un cheminement si simple, les auteurs évoquant le processus comme un véritable deuil, de la part du parent comme celle de l’enfant : « ce qui n’a pas existé dans votre enfance et dans la relation avec votre parent ne vous attend pas, ni aujourd’hui, ni demain. Ce qui n’a pas abouti dans le lien est perdu à tout jamais ». Cela pousse l’individu à se « reparenter », c’est-à-dire à s’apporter lui-même, à l’âge adulte, ce dont il a manqué. A travers cela, l’idée est de changer sa relation au passé. Cela se fait grâce à une connexion à son enfant intérieur, à une reconnaissance de ce qu’il a traversé et ce dont il a manqué et à la passation d’un nouveau pacte avec lui.
C’est cette capacité à « reconstruire un lien solide à soi – c’est-à-dire à son enfant intérieur – pour mieux se positionner dans le lien à l’autre ». C’est une vraie prise de responsabilité vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres, amenant au point d’équilibre subtil et délicat : celui où se croisent notre force et notre vulnérabilité.
J’aime bien me mettre à l’écoute de mon enfant intérieure ou de mes enfants devrais-je dire car elle a différentes facettes (la joueuse, la boudeuse), différents âges (du très petit nourrisson à l’enfant d’ne dizaine d’années…). J’ai même fait une expérience étonnante. J’étais dans la chambre d’hôpital d’une personne âgée qui était très malade. Elle avait peur. Et, en mon for intérieur, j’ai entendu mon enfant intérieure me dire que c’était l’enfant de la dame qui avait peur, car elle n’avait plus sa maman. Cette scène m’a permis d’appréhender la scène différemment et de ressentir de la compassion là où avant, il y avait, de ma part de l’incompréhension.
Lors de mes accompagnements en soins palliatifs au près des personnes âgées de l’Ehpad, je suis d’ailleurs frappée par le nombre d’entre eux qui, éprouvent le besoin de parler de leur « papa » et de leur « maman ». Et ce sont leurs enfants intérieurs que je vois s’exprimer dans leurs regards et leurs mots. Je les regarde, avec mes yeux d’adulte, mais je ressens en ces instants, la présence de mon enfant intérieure qui me relie à eux….
