Il est des livres qui ne s’expliquent pas, mais qui se vivent. La Source Noire en fait partie.
Dans ce récit entre témoignage, enquête et voyage intérieur, Patrick Van Eersel nous emmène au plus près de ce que beaucoup fuient : l’expérience du vide. Ce vide que l’on redoute, mais qui parfois nous appelle.
J’ai lu ce livre comme on descend dans une grotte sacrée, à la fois inquiète et fascinée. Et j’y ai trouvé des mots pour ce que je perçois souvent dans mes propres traversées, ou dans celles des personnes que j’accompagne.
Tomber dans le vide… ou tomber en soi
Le vide dont parle Van Eersel n’est pas un néant, c’est une ouverture.
Il explore ce que certains vivent comme des expériences de mort imminente, de dissolution de l’ego, de bascule dans un autre niveau de réalité. Cela peut se produire dans un choc, une maladie, une extase, une méditation profonde…
Et soudain, tout ce que l’on croyait stable se dérobe. On ne sait plus. On n’est plus tout à fait celui ou celle d’avant.
Ce que ce livre m’a rappelé, c’est que le vide peut être une initiation. Une traversée vers une connaissance plus vaste de soi.
Une parole qui libère
En tant qu’accompagnante, je rencontre souvent des personnes qui ont frôlé ce vide : burn-out, deuils, ruptures, effondrements intérieurs… Et beaucoup en ont honte, ou pensent qu’elles sont « cassées », « en marge ».
La Source Noire leur donne une légitimité. Il dit : ce que vous avez vécu n’est pas un échec. C’est une porte. Un appel à un autre rapport au monde, à la conscience, à la vie.
Et ça, c’est profondément guérisseur.
Traverser avec confiance
Ce livre résonne avec ma conviction : que toute transformation passe par une forme de désorientation. Que nous avons à réapprendre à habiter ces moments de non-savoir, de perte, d’inconnu… Non comme des failles, mais comme des franchissements.
Je chemine avec cette conscience, et c’est aussi ce que je propose dans mon accompagnement :
- des espaces où l’on peut ne pas savoir,
- où l’on peut sentir sans comprendre,
- où l’on peut s’effondrer un peu… pour renaître autrement.
Van Eersel écrit que « le vide est un maître exigeant, mais généreux. » Et je crois qu’il a raison. Ce n’est pas un ennemi à vaincre, mais une dimension à apprivoiser.